le potentiel de l’agriculture biologique est immense

quel est modèle agricole cohérent avec cette production ?

réponse de Bernard Cano (entretien du 23 juillet 2015)

« L’orientation qui me paraît exclusivement intéressante, sous réserve de lui apporter des outils de développement et de lui consacrer des moyens, c’est l’orientation de l’agriculture biologique.

L’agriculture biologique présente bien sur des contraintes, mais présente aussi un potentiel de développement important si on veut lui insuffler des moyens nouveaux, chose que l’on n’a strictement pas fait à ce jour.

Cette agriculture possède une voie de développement de la même nature que ce que l’on a connu dans les années 60 où l’on a consacré beaucoup de moyens à l’agriculture [conventionnelle] pour des finalités qui étaient différentes [principalement orientées vers la production quantitative].

C’est une nouvelle l’agriculture plus environnementale, plus sociale, plus orientée sur la manière de faire revivre les campagnes, autour de laquelle se greffe une diversité d’activités d’artisanat, des moyennes et petites industries, qui est à recréer. C’est, pour les agriculteurs, leur offrir une source de prospérité, leur proposer d’accomplir des actes plus gratifiants, au sein d’une société rurale  avec une plus forte présence humaine et où il y a une meilleure conciliation des intérêts de l’agriculture avec le milieu. »

une bouffée d’oxygène pour renouveler l’agriculture bretonne

Comment est née cette idée de betterave sucrière bio ?

réponse de Bernard Cano (entretien du 23 juillet 2015) : « Dans le cadre de mes activités j’ai eu l’occasion de prospecter pas mal de voies pour développer les agrosystèmes bio, comme le sarrazin ou les avoines couvertes, afin de proposer aux agriculteurs des moyens de construire leur autonomie. Il était donc naturel pour moi de m’intéresser à la betterave, d’autant que le sucre [bio] que nous consommons est en totalité importé, ce qui correspond à 170000 tonnes pour l’Europe, et 40-50000 tonnes pour la France, exclusivement à base de sucre de canne. Il existe une petite production de betterave sucrière bio en Allemagne, dont la principale difficulté réside dans la question du désherbage. J’appréhende bien ce sujet car dans mon entreprise précédente j’avais une activité dédiée au machinisme agricole spécialisée dans le désherbage mécanique. J’en mesure toute l’importance et aujourd’hui je considère que la betterave pourrait accroître la diversité des cultures nouvelles que l’on peut envisager dans une région comme la Bretagne. Cette région connaît une vraie décomposition de son agriculture car les productions pour l’export ne peuvent plus constituer son unique finalité. En ayant de meilleures effets sur l’environnement, la betterave fait partie de toutes les activités que l’on peut développer dans cette agriculture rénovée, à côté des activités d’élevage qui sont encore présentes alors que dans beaucoup de régions ce métier de l’élevage a disparu. Quand je vois la symbiose qu’il y a entre la culture et l’élevage, la betterave fait partie des cultures que l’on peut développer pour éviter l’hyperspécialisation et recréer de la diversité. C’est la clef de tous les points de vue pour la réussite, que ce soit du point de vue agronomique, de la technique des cultures,  du point de vue de la commercialisation qui peut être reprise en main par les agriculteurs, et d’autant mieux assurée que l’éventail de possibilités de production s’élargit. Cette diversité de production dans laquelle on peut faire des combinaisons, en fonction de nos goûts, de l’intérêt pour telle culture, en fonction de nos terres, du marché,  amène une grande bouffée d’oxygène et permet d’imaginer des perspectives pour cette agriculture que l’on doit recréer en Bretagne. »